Aujourd’hui je suis triste. Je vous passe les détails de mon histoire, je suis juste triste. J’ai fait comme ce que toute meuf fait quand elle broie du noir, j’ai appelé ma meilleure amie. Je suis en Australie, elle est en France, en plein week end avec son copain, mais la distance et le décalage horaire ne trahiront pas son habitude à décrocher quand elle voit mon nom s’afficher sur Whatsapp.
10 minutes au téléphone, son conseil de “ne pas paniquer, de prendre du temps pour toi”, un paquet de kleenex et une séance d’épilation de sourcils (dont j’avais clairement besoin by the way) plus tard, me voilà calmée et inspirée pour une philosophie de comptoir, la musique de mon adolescence pseudo rebelle à fond dans les oreilles.
Je pense aujourd’hui à toutes les voyageuses & voyageurs. Elles font face à cette pression de devoir “profiter à 100%”, “kiffer” et “se rendre compte de leur chance”. Du coup, elles ne se donnent pas le droit de se sentir triste.
Voyageurs, voyageuses, PAUSE.
Pause sur cette pression. Nous avons le droit de nous sentir triste, peu importe le contexte de rêve dans lequel on se trouve. Peu importe la couleur turquoise de la mer dans laquelle on se baigne. Peu importe les rencontres magnifiques que l’on fait. Peu importe les expériences inoubliables que l’on est en train de vivre.
Voyageurs, voyageuses, PAUSE.
Pause sur ce rythme effréné. Il y a des moments où on a l’énergie, où notre curiosité de découvrir et explorer le monde ne nous lâche pas, où la vitalité et l’amour du voyage suffisent à nous nourrir. On enchaîne les visites, les rencontres, les expériences culinaires, les sauts en parachute, les randonnées, les plongées, les campings, les jobs et autres fruit picking. Et parfois, cette envie nous fait défaut. On n’a juste plus envie. Il arrive que l’on veuille juste rester dans notre auberge de jeunesse à mater des épisodes de Friends et manger un bon Mcdo avec le max de sauce pommes frites. Et la bataille commence. On bataille. On bataille contre soi-même. On bataille car on ne comprend pas. On ne se comprend pas. “Mais putain t’es en Australie, kiff au lieu de te plaindre.”, “Mais tu te rends compte de la chance que t’as ?”, “Allez bouge tes fesses et va visiter cette île paradisiaque”.
Voyageurs, voyageuses PAUSE.
Il est temps de s’écouter. Le moteur est essoufflé. Batailler contre soi-même est inutile. Notre corps et notre cerveau nous donnent des signaux. Pas la peine de se sentir coupable. Nous avons LE DROIT. Le droit, comme tout le monde, d’être triste, fatiguée et blasée. Le droit d’enfiler son plus beau jogging, de mater des épisodes de Friends et d’aller au Mcdo avec le max de sauce pommes frites. Et ce, même si tu es au milieu des plages paradisiaques du Mexique, ou en plein road trip sur la Great Ocean Road en Australie. Au fond de ta tente, calé tranquillement dans ton van ou posé dans ton dortoir de ton hostel dégueulasse, accorde toi le temps d’être essoufflé. Accepte tes émotions. Refuse cette pression qui t’oblige à être heureux. ça peut prendre 2 jours, comme 2 semaines ou 2 mois pour revenir. Donnons du temps au moteur pour qu’il se repose. Et on se le promet, on se retrouvera. On retrouvera notre énergie et notre amour de la découverte et il sera temps de ressortir de son sombre garage.
Un dernier épisode de Friends, une dernière musique de ton enfance, et demain, il sera temps de remettre de la musique potable; il sera temps de redémarrer. Plongée ou randonnée ?
Voyageurs, voyageuses PLAY.